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Le Mono
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Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale
Simone Weil
- Le Mono
- 1 Décembre 2021
- 9782381112633
La période présente est de celles où tout ce qui semble normalement constituer une raison de vivre s'évanouit, où l'on doit, sous peine de sombrer dans le désarroi ou l'inconscience, tout remettre en question... Il faut poser le problème fondamental, à savoir en quoi consiste le lien qui semble jusqu'ici unir l'oppression sociale et le progrès dans les rapports de l'homme avec la nature. Si l'on considère en gros l'ensemble du développement humain jusqu'à nos jours, si surtout l'on oppose les peuplades primitives, organisées presque sans inégalité, à notre civilisation actuelle, il semble que l'homme ne puisse parvenir à alléger le joug des nécessités naturelles sans alourdir d'autant celui de l'oppression sociale, comme par le jeu d'un mystérieux équilibre...Qu'est-ce au juste qui périra et qu'est-ce qui subsistera de la civilisation actuelle ? Dans quelles conditions, en quel sens l'histoire se déroulera-t-elle par la suite ? Ce que nous savons d'avance, c'est que la vie sera d'autant moins inhumaine que la capacité individuelle de penser et d'agir sera plus grande. La civilisation actuelle, dont nos descendants recueilleront sans doute tout au moins des fragments en héritage, contient de quoi écraser l'homme ; mais elle contient aussi, du moins en germe, de quoi le libérer. Il y a dans notre science des éclairs admirables, des parties limpides et lumineuses, des démarches parfaitement méthodiques de l'esprit. Dans notre technique aussi il y a des germes de libération du travail.
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Un grand nombre de souvenirs reparaissent parce que les autres hommes nous les rappellent. Même lorsque ces hommes ne sont point matériellement présents, on peut parler de mémoire collective quand nous évoquons un événement qui tenait une place dans la vie de notre groupe et que nous avons envisagé, que nous envisageons maintenant encore au moment où nous nous le rappelons, du point de vue de ce groupe. Une telle attitude mentale n'est possible que chez un homme qui fait partie ou a fait partie d'une société et parce qu'à distance tout au moins, il subit encore son impulsion. Il suffit que nous ne puissions penser à tel objet que parce que nous nous comportons comme membre d'un groupe, pour que la condition de cette pensée soit évidemment l'existence du groupe. C'est pourquoi, lorsqu'un homme rentre chez lui sans être accompagné de personne, sans doute pendant quelque temps « il a été seul », suivant le langage courant. Mais il ne l'a été qu'en apparence, puisque, même dans cet intervalle, ses pensées et ses actes s'expliquent par sa nature d'être social et qu'il n'a pas cessé un instant d'être enfermé dans quelque société...
La mémoire collective enveloppe les mémoires individuelles, mais ne se confond pas avec elles. Elle évolue suivant ses lois, et si certains souvenirs individuels pénètrent aussi quelquefois en elle, ils changent de figure dès qu'ils sont replacés dans un ensemble qui n'est plus une conscience personnelle.
Ce livre traite de la mémoire collective et le temps ; de la mémoire collective et l'espace ; et de la mémoire individuelle. -
Quels sont les rapports entre le pragmatisme et la sociologie ? C'est ce que traite Emile Durkheim dans cette étude.
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La psychologie du raisonnement : Recherches expérimentales par l'hypnotisme
Alfred Binet
- Le Mono
- 1 Septembre 2021
- 9782381112176
Alfred Binet est considéré comme l'un des plus grands psychologues français. Créateur de la psychométrie scientifique, il a apporté, par l'ensemble de son oeuvre, une contribution majeure à la psychologie et l'étude de l'intelligence.À travers ce livre, il étudie le raisonnement par la méthode expérimentale en s'appuyant sur l'acte de la perception d'objets extérieurs. Que se passe-t-il lorsque notre esprit entre en contact avec un objet extérieur ou une image ? L'auteur mobilise les expériences d'hypnotisme sur les hallucinations visuelles permettant de comprendre le mécanisme de la perception et du processus du raisonnement qui nous fournit chaque jour la connaissance de vérités neuves.
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Les fondateurs de l'astronomie moderne: Copernic, Galilée, Newton, et les autres
Joseph Bertrand
- Le Mono
- 1 Avril 2018
- 9782366595581
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L'histoire du peuple d'Israël est belle et curieuse à la fois. « Nul peuple autant qu'Israël n'a pris sa destinée au sérieux ; nul n'a senti si vivement ses joies et ses douleurs de nation ; nul n'a plus vécu pour une idée. Israël a vaincu le temps et usé tous ses oppresseurs. Le jour où une fausse nouvelle fit célébrer un an trop tôt la prise de Sébastopol, un vieux Juif de Pologne, qui passe ses journées à la Bibliothèque impériale, plongé dans la lecture des manuscrits poudreux de sa nation, m'aborda en me citant ce passage d'Isaïe : 'Elle est tombée, elle est tombée, Babylone !...' La victoire des alliés n'était à ses yeux que le châtiment des violences exercées contre ses coreligionnaires par celui qu'il appelait le Nabuchodonosor et l'Antiochus de notre temps. Je crus voir devant moi, dans ce triste vieillard, le génie vivant de ce peuple indestructible. Il a battu des mains sur toutes les ruines ; persécuté par tous, il a été vengé de tous : il ne lui a fallu pour cela qu'une seule chose, mais une chose que l'homme ne se donne pas à lui-même, durer. » Ernest Renan expose à travers ce livre l'histoire profonde du peuple d'Israël et le développement de sa religion. Philosophe et Historien, Ernest Renan est aujourd'hui considéré comme un intellectuel de référence.
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Il y eut à diverses époques, disait Élisée Reclus, des migrations de masse causées par des guerres, des invasions ou des ras-de-marées ; et les habitants des terres envahies ou conquises, devaient partir dans un sens ou dans un autre, suivant les poussées, les appels, les attractions. La connaissance des eaux et des vents ayant rendu les peuples des terres océaniques plus habiles à se mouvoir sur la mer, il leur suffisait de connaître la direction des îles désirées, et ils partaient vers de nouvelles terres. S'ils ne les voyaient pas déjà se profiler à l'horizon, le vol des oiseaux, le mouvement de la houle et mille autres indications fugitives que devine l'oeil des marins les guidaient à travers les flots. Ainsi pourrait-on expliquer le peuplement des îles lointaines et des nouveaux continents découverts par les Européens... Le grand courant équatorial qui, dans la zone torride, entraîne les eaux et les épaves dans la direction de l'est à l'ouest, et le contre-courant, beaucoup plus faible, qui, dans le voisinage de la ligne équatoriale, reflue en sens inverse, d'occident en orient, durent aider souvent à une dispersion involontaire des Polynésiens. Ce livre traite de l'origine et des migrations des Polynésiens.
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Essai sur les variations saisonnieres des societes eskimo
Marcel Mauss
- Le Mono
- 1 Décembre 2021
- 9782381118000
La manière dont les sociétés Eskimos sont fixées au sol, le nombre, la nature, la grandeur des groupes élémentaires dont elles sont composées, constituent des facteurs immuables et c'est sur ce fond permanent que se produisent les variations périodiques que nous aurons, plus tard, à décrire et à expliquer. C'est donc ce fond qu'il nous faut, avant tout, chercher à connaître. En d'autres termes, avant de faire leur morphologie saisonnière, il nous faut d'abord constituer, dans ce qu'elle a d'essentiel, leur morphologie générale.Les Eskimos sont actuellement situés entre le 78° 8' de latitude nord (sur la côte nord-ouest du Gronland) et le 53º 4' au sud, sur la baie d'Hudson (côte ouest), limite extrême qu'ils atteignent régulièrement, mais où ils ne séjournent pas. Sur la côte du Labrador, ils vont environ jusqu'au 54e degré, et, sur le Pacifique, jusqu'au 56º 44' de latitude nord. Ils couvrent ainsi un espace immense de 22 degrés de latitude et de près de 60 degrés de longitude, qui s'étend jusqu'en Asie, où ils ont un établissement (celui d'East Cape)... Les Eskimos ne sont pas seulement des peuples côtiers ; ce sont des peuples de falaise, si du moins nous employons ce mot pour désigner toute terminaison relativement abrupte de la côte sur la mer. C'est qu'en effet - et c'est là ce qui explique la différence profonde qui sépare les Eskimos de tous les autres peuples hyperboréens - les côtes qu'ils occupent, sauf les deltas et les rivages toujours mal connus de la Terre du roi Guillaume, ont toutes un même caractère : une marge plus ou moins étroite de terre, borde les limites d'un plateau qui s'affaisse plus ou moins brusquement vers la mer. Au Gronland, la montagne vient surplomber la mer, et, de plus, l'immense glacier auquel on donne le nom d'Inlandsis (glace de l'intérieur) ne laisse même qu'une ceinture montagneuse dont la partie la plus large (large à cause des fiords et non pas par elle-même) mesure à peine 140 milles. De plus, cette ceinture est coupée par les décharges, sur la mer, des glaciers intérieurs. Les fiords et les îles des fiords sont seuls à être protégés contre les grands vents, et, par suite, à jouir d'une température supportable ; seuls, ils offrent des champs de pâture au gibier ainsi que des fonds poissonneux, facilement accessibles, où viennent pêcher et se faire prendre les animaux marins.
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Breve histoire de l ile de saint-barthelemy et son annexion a la france
Plauchut/& Al.
- Le Mono
- 1 Janvier 2022
- 9782381112978
Saint-Barthélemy est un îlot rocailleux d'une superficie d'environ 2.114 hectares, situé dans la mer des Caraïbes, à environ 20 kilomètres de Saint-Martin et 200 kilomètres de la Guadeloupe. L'île découverte par Christophe Colomb en 1493, est ainsi nommée en l'honneur de son frère Bartolomeo. En 1648, une troupe de 50 à 60 Français, conduits par le sire de Gentès, envoyé par Louvilliers de Poincy, capitaine général des îles pour le roi et la compagnie, prit possession de Saint-Barthélemy. L'Ordre de Malte décida d'y fonder un premier établissement qui était en bonne voie de prospérité, lorsque, en 1656, une irruption de Caraïbes (peuples indigènes des Antilles), venus de la Dominique et de Saint-Vincent, détruisit ce commencement de colonisation. Après de nouveaux essais qui ne furent guère plus heureux, les colons découragés se réfugièrent à Saint-Martin. C'est en 1664 que l'île devint la propriété de la seconde compagnie française. En 1674, elle fut réunie au gouvernement de la Guadeloupe.Ce livre traite de l'histoire de l'île de Saint-Barthélemy et de son annexion à la France.
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Le tibet et son histoire - le territoire, le peuple et la religion
Feer Leon
- Le Mono
- 1 Février 2022
- 9782381118147
Lorsque, partant de la plaine de l'Hindoustan, et se dirigeant vers le nord, on a franchi, par quelques-uns des cols ou passages qui permettent de la traverser, la formidable barrière connue sous le nom de Himâlaya, où se dressent les plus hautes cimes qui soient à la surface de notre globe, on entre dans un pays très élevé, au milieu de chaînes de montagnes par lesquelles il faut encore passer avant d'atteindre un vaste plateau à peu près inexploré. Cette région est le Tibet, dont le nom se trouve aussi écrit Thibet et parfois Tubet. Le véritable nom est Bod, et, si nous voulions être exacts, nous dirions : pays de Bod. L'appellation en usage vient, à ce que l'on croit, des Turks, des Persans, des Mongols, qui disent Tibet, Tebet, Tobbet, Tubet ; le terme chinois correspondant est Thou-po. On a essayé de rattacher ce nom de Tibet aux mots tibétains Thoub-phod qui signifient « très fort. » Il est plus probable que c'est une altération de Tho-bod (« le haut pays, » par opposition au bas pays des vallées). Quoique les deux étymologies justifient l'emploi de l'h et même de l'u dans le nom du Tibet, nous pensons que le mieux est d'écrire de la façon la plus simple, en s'écartant le moins possible de l'usage reçu, le nom qui nous a été transmis. Nous écrivons donc Tibet par un i et sans h. Ce livre traite de l'histoire du Tibet, de son territoire, son peuple et sa religion.
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S'il est utile de savoir en quoi consiste telle ou telle religion en particulier, il importe davantage encore de rechercher ce que c'est que la religion d'une manière générale. C'est ce problème qui, de tout temps, a tenté la curiosité des philosophes, et non sans raison ; car il intéresse l'humanité tout entière.
L'objet général de ce livre issu des cours de Durkheim, est l'étude du système religieux le plus simple et le plus primitif que nous connaissions. On définira d'abord la religion elle-même ; puis, nous examinerons la question suivante : Quelle est la religion la plus ancienne que nous connaissions ? -
Le péché et l'expiation dans les sociétés primitives
Robert Hertz
- Le Mono
- 1 Février 2023
- 9782381114460
Robert Hertz, tué à la tête de sa section, à l'attaque sanglante de Marchéville pendant la première guerre mondiale, laisse inachevée une oeuvre considérable. Cependant dès l'année qui suivit son agrégation, Hertz précisait les sujets de ses travaux. Il optait pour les questions où le moral jouxte le religieux. Il se donna la préoccupation de comprendre précisément les côtés sombres et sinistres de la mentalité humaine. À cette époque il définit son champ d'études. D'abord ce qui l'intéressait c'était de savoir comment l'homme « revient à la lumière et à la paix, par la pénitence et le pardon » ; le « mystère du pardon », la « révocation du passé, l'anéantissement absolu d'une chose réelle ». Comment et pourquoi la société efface-t-elle le péché et le crime ? Comment et pourquoi oublie-t-elle ? Tel fut le programme de Hertz. Un peu sous l'influence de Durkheim, beaucoup par justesse d'esprit, par logique, par profonde méditation, il le précisait de plus en plus en même temps qu'il le généralisait. Les notions de pardon et de pénitence ne sont en effet que des cas assez rares, des formes de mécanismes mentaux, d'idées morales et religieuses plus générales. Ce sont des espèces d'expiation. Et comme l'expiation n'existe que par rapport au péché, il se donna pour tâche de comprendre l'un et l'autre, et il étendit encore son domaine. Le « Péché et l'Expiation », voilà le sujet qu'il choisit définitivement.
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Comment définit-on un fait social ? Quelles sont les règles relatives à l'observation et à l'explication des faits sociaux ? Voilà l'objet de ce livre basé sur les travaux de Durkheim publiés dans Les règles de la méthode sociologique.
Qu'est-ce qu'un fait social ? La question est d'autant plus nécessaire que l'on se sert de cette qualification sans beaucoup de précision. On l'emploie couramment pour désigner à peu près tous les phénomènes qui se passent à l'intérieur de la société, pour peu qu'ils présentent, avec une certaine généralité, quelque intérêt social. Mais, à ce compte, il n'y a, pour ainsi dire, pas d'événements humains qui ne puissent être appelés sociaux. Chaque individu boit, dort, mange, raisonne et la société a tout intérêt à ce que ces fonctions s'exercent régulièrement. Si donc ces faits étaient sociaux, la sociologie n'aurait pas d'objet qui lui fût propre, et son domaine se confondrait avec celui de la biologie et de la psychologie... -
Ce livre basé sur les travaux du sociologue Emile Durkheim, traite de l'étude et de l'analyse des faits moraux. Comment définir et déterminer un fait moral ? Comment les étudier de façon scientifique ? On appelle fait moral, pour une espèce sociale donnée, considérée à une phase déterminée de son développement, toute règle de conduite à laquelle une sanction répressive diffuse est attachée dans la moyenne des sociétés de cette espèce, considérées à la même période de leur évolution.
Les faits moraux sont des phénomènes comme les autres ; ils consistent en des règles d'action qui se reconnaissent à certains caractères distinctifs ; il doit donc être possible de les observer, de les décrire, de les classer et de chercher les lois qui les expliquent. -
Les phénomènes dits religieux consistent en des croyances et des pratiques définies qui se rapportent à des objets donnés dans ces croyances. Quant à la religion, c'est un ensemble, plus ou moins organisé et systématisé, de phénomènes de ce genre.
Dans son Introduction à la science des religions, Max Müller a donné la définition suivante : « La religion est une faculté de l'esprit qui... rend l'homme capable de saisir l'infini sous des noms différents et des déguisements changeants. Sans cette faculté, nulle religion ne serait possible, pas même le culte le plus dégradé d'idoles et de fétiches, et pour peu que nous prêtions l'oreille, nous pouvons entendre dans toute religion un gémissement de l'esprit, le bruit d'un effort pour concevoir l'inconcevable, pour exprimer l'inexprimable, une aspiration vers l'infini. » -
L esprit de discipline et l autonomie de la volonte - l education morale a l ecole (tome 1)
Emile Durkheim
- Le Mono
- 1 Février 2023
- 9782381114804
Ce livre issu des travaux de Durkheim sur l'éducation morale à l'École, illustre la contribution qu'apportent à la pédagogie, la sociologie d'une part, et la psychologie de l'autre.
Qu'une éducation morale entièrement rationnelle soit possible, c'est ce qui est impliqué dans le postulat même qui est à la base de la science ; postulat qui peut s'énoncer ainsi : il n'y a rien dans le réel que l'on soit fondé à considérer comme radicalement réfractaire à la raison humaine.
En se faisant sociologique, l'analyse morale peut donner un fondement rationnel, plus riche même que la moralité religieuse traditionnelle, et remonter jusqu'aux sources d'où jaillissent les forces morales les plus énergiques. Durkheim ramène à trois les éléments fondamentaux de notre moralité. Ce sont l'esprit de discipline, l'esprit d'abnégation et l'esprit d'autonomie. L'esprit de discipline est, à la fois, le sens et le goût de la régularité, le sens et le goût de la limitation des désirs, le respect de la règle, qui impose à l'individu l'inhibition des impulsions et l'effort... -
La fonction linguistique - le fonctionnement psychologique du langage
Henri Delacroix & Al
- Le Mono
- 1 Mars 2023
- 9782381116075
Le langage est un moyen de communication propre aux humains, qui leur permet d'exprimer les idées, les émotions et les désirs, par l'intermédiaire d'un système de symboles créés à cet effet. Ces symboles sont produits par ce qu'on appelle les organes de la parole. D'après les travaux d'Edward Sapir, lorsqu'on parle des organes de la parole, il pourrait sembler de prime abord que cela revient à dire que la parole est en elle-même une action instinctive et biologiquement déterminée par avance. Ne nous laissons pas tromper par cette formule simplifiée; à proprement parler, il n'y a pas d'organes de la parole; il y a seulement des organes qui sont fortuitement utiles à la production des sons du langage: les poumons, le larynx, le palais, le nez, la langue, les dents, et les lèvres sont utilisés pour la parole, mais ne doivent pas être considérés comme les organes essentiels de la parole, pas plus que les doigts ne sont uniquement les organes propres à jouer au piano, pas plus que les genoux ne sont les organes de la prière. La parole n'est pas une activité simple produite par des organes biologiquement adaptés à cette fonction ; c'est un réseau très compliqué et constamment changeant d'adaptations diverses : du cerveau, du système nerveux, des organes d'audition et d'articulation, tout cela tendant vers un seul but désiré : la communication des idées...
Les lois psychologiques que les linguistes mettent à la base des changements phonétiques conditionnés, expriment les actions générales qui règlent le mécanisme du langage et qui interviennent par conséquent dans toutes les langues. Or, ces actions générales dépendent pour une bonne part de facteurs psychiques, de la structure de la conscience et de la répartition de l'attention... -
La discipline et la psychologie de l enfant - l education morale a l ecole (tome 2)
Emile Durkheim
- Le Mono
- 1 Février 2023
- 9782381114811
Comment la nature de l'enfant se prête-t-elle à recevoir l'éducation morale, quelles ressources, quels ressorts, mais aussi quels obstacles y rencontre l'éducateur ? Il montre aux instituteurs, comment il est possible de traduire, pour les mettre à la portée des intelligences de l'élève, les résultats de ce qu'il appelait la « Physiologie du droit et des moeurs », ou la vulgarisation de la science des moeurs.
Ce livre publié à partir des travaux de Durkheim sur l'éducation morale, permet de comprendre comment constituer chez l'enfant les éléments de la moralité. -
À voyager à travers les peuples, la première impression de l'observateur superficiel est que les phénomènes de la vie sociale échappent à toute formule générale, à toute loi scientifique, et que la prétention de fonder une sociologie est une chimère. À quelles conditions la sociologie peut-elle être considérée comme une science ?
C'est à trois conditions, qu'il importe de distinguer bien nettement pour se faire une notion précise et complète de ce qu'il convient d'entendre par ce substantif et cet adjectif si usités, science et scientifique. Ces conditions sont : les répétitions, les oppositions et les adaptations qu'elle renferme. Ce sont là les trois clés dont la science fait usage pour ouvrir les arcanes de l'univers. Ces trois considérations sont aussi nécessaires pour indiquer ce que la sociologie doit être si elle veut mériter le nom de science, et dans quelles voies doivent la diriger les sociologues s'ils tiennent à coeur de la voir prendre décidément le rang qui lui appartient. Elle n'y parviendra, comme toute autre science, qu'en possédant et en ayant conscience de posséder son domaine propre de répétitions, son domaine propre d'oppositions, son domaine propre d'adaptations, toutes caractéristiques et bien à elle. -
L'opposition entre la psychologie individuelle et la psychologie sociale ou collective perd beaucoup de son acuité lorsqu'on l'examine de plus près. Sans doute, la première a pour objet l'individu et recherche les moyens dont il se sert et les voies qu'il suit pour obtenir la satisfaction de ses désirs et besoins, mais, dans cette recherche, elle ne réussit que rarement, et dans des cas tout à fait exceptionnels, à faire abstraction des rapports qui existent entre l'individu et ses semblables. C'est qu'autrui joue toujours dans la vie de l'individu le rôle d'un modèle, d'un objet, d'un associé ou d'un adversaire, et la psychologie individuelle se présente dès le début comme étant en même temps, par un certain côté, une psychologie sociale, dans le sens élargi, mais pleinement justifié, du mot.
L'attitude de l'individu à l'égard de ses parents, de ses frères et soeurs, de la personne aimée, de son médecin, bref tous les rapports qui ont jusqu'à présent fait l'objet de recherches psychanalytiques, peuvent à juste titre être considérés comme des phénomènes sociaux, ce qui les met en opposition avec certains autres processus auxquels nous avons donné le nom de narcissiques, parce qu'ils sont caractérisés par le fait que la satisfaction de besoins et de désirs est recherchée et obtenue par l'individu en dehors et indépendamment de l'influence d'autres personnes. C'est ainsi que l'opposition entre les actes psychiques sociaux et narcissiques est une opposition qui ne dépasse pas les limites de la psychologie individuelle et ne justifie pas une séparation entre celle-ci et la psychologie sociale ou collective...
La psychologie collective embrasse un nombre incalculable de problèmes et impose au chercheur des tâches innombrables, encore mal ou insuffisamment différenciées. La seule classification des différentes formes de groupements collectifs et la description des phénomènes psychiques par lesquels ils se manifestent exigent un énorme travail d'observation et d'exposition et ont déjà engendré une très riche littérature. Étant donnée l'étendue du domaine de la psychologie collective, j'ai à peine besoin d'avertir le lecteur que mon modeste travail ne touche qu'à quelques points, très peu nombreux, de ce vaste sujet. Il est vrai que ce sont là les points qui intéressent plus particulièrement la psychanalyse, dans ses sondages de l'âme humaine. -
Ce livre traite de l'importance de la psychologie, et surtout de l'inter-psychologie en économie politique. Après avoir exploré (dans le tome 1) les phénomènes de la vie économique sous l'aspect des répétitions qu'ils impliquent, ils sont ici étudiés au point de vue de leurs oppositions. C'est un vaste sujet, confusément traité par les économistes à propos de la concurrence, et à propos des crises et des grèves, où l'idée de lutte se montre à nu. Il importe, avant tout, de soumettre ce nouveau domaine à une analyse exacte et complète.
« Ce qui s'oppose, ce ne sont jamais des états, ce sont des forces et des actions ; ou du moins les états ne sont opposables qu'à raison des forces et des actions qui les ont produits. Quand il s'agit d'oppositions sociales, dont les oppositions économiques font partie, cela signifie puisque le social n'est que du psychologique multiplié et mutualisé que les termes opposés économiquement sont toujours, au fond, non des états d'âme, mais des actes d'âme, c'est-à-dire des affirmations affrontées à des négations ou des désirs affrontés à des aversions, des volitions à des nolitions. Ajoutons que l'idée d'opposition est plus compréhensive que celle de lutte. La lutte suppose que les termes opposés sont coexistants ; mais ils peuvent être successifs, et, dans ce cas, leur opposition constitue un rythme.
Cela dit, remarquons que les reproductions de richesses, qui sont des actions procédant a la fois de désirs et de jugements, peuvent s'opposer entre elles soit par les propositions soit surtout par les desseins qu'elles impliquent ; que les consommations, actions d'un autre genre, impliquant aussi des jugements et des buts, peuvent s'opposer entre elles de ces deux manières ; et enfin que les reproductions peuvent s'opposer aux consommations sous ces deux mêmes points de vue, qu'il conviendra toutefois de confondre le plus souvent, pour ne pas compliquer les questions. Il y a aussi à traiter des oppositions monétaires, financières, où se reflètent et se combinent les précédentes, parvenues à un degré supérieur d'élaboration dans les conflits de la spéculation et des jeux de Bourse. Nous voyons ainsi réapparaître, sous un autre angle, les distinctions qui nous ont déjà servi à embrasser tout le champ de la répétition économique. Celle ci nous a paru ne pouvoir être étudiée en entier que si l'on y distingue les activités reproductives (le travail), les activités consommatrices (les besoins exprimés par les budgets), et les signes représentatifs du rapport des produits aux besoins (la monnaie)... » -
Esquisse d une psychologie des classes sociales
Maurice Halbwachs
- Le Mono
- 1 Février 2023
- 9782381115023
Entre les hommes qui ont vécu avant nous, surtout longtemps avant nous, et nous-mêmes, d'où vient que nous imaginons communément qu'il y ait une différence si profonde et presque infranchissable ? Certes, le temps est irréversible. Pas plus qu'un individu, une société ne peut remonter le cours des âges. Mais là n'est point la seule raison de ce sentiment d'étrangeté que nous inspirent les figures du passé. Elles nous paraissent loin de nous non seulement dans le temps, mais sur l'échelle des êtres, comme si elles appartenaient à une autre espèce, semblable à nous par la forme extérieure, mais plongée dans une atmosphère où l'on ne respirait pas le même air, où les idées, les sentiments, les sensations elles-mêmes ne pouvaient être les mêmes qu'aujourd'hui. C'est bien ce qu'on imagine, lorsqu'on lit des livres d'histoire ou des romans historiques, lorsqu'on visite des bâtiments anciens, des lieux où tout est demeuré inchangé depuis un demi-siècle, plus encore lorsqu'on évoque ceux qui ont vécu dans ce décor, passé le long de ces murs, et qui sont aussi loin de nous que des fantômes ou les habitants inconnus de quelque planète inaccessible.
De tels sentiments s'expliqueraient sans peine, si, indépendamment de tout ce qui a pu se transformer dans le milieu social, et même en supposant qu'il ne change pas, ou qu'il change peu, si l'homme lui-même, c'est-à-dire l'espèce humaine était soumise à une évolution. Alors, nous ne nous reconnaîtrions plus comme des êtres faits de la même substance, ayant les mêmes organes, et capables de réagir de la même manière aux impressions qui viennent du monde matériel. Chaque génération serait considérée comme répondant à une phase définie de cette évolution organique. Elle apporterait sur la scène du monde un ensemble de types physiques : tempéraments, corpulences, traits, regards, paroles et gestes, qui ont été réalisés à cette date, mais dont le moule est brisé, et que nous ne rencontrons plus autour de nous...
Nous devrons fixer notre attention sur les divers groupes humains, reconnaître quelles sont les représentations collectives dominantes dans ces ensembles, quelle est leur force et leur extension, quelles sont leurs limites. Nous aurons à les envisager aussi dans leurs rapports, à chercher si elles correspondent à des phases diverses d'une évolution dont les sociétés humaines en leur état actuel nous présenteraient, juxtaposées, des phases successives, et quelles prévisions quant à l'avenir proche on peut tirer d'une telle comparaison. C'est dans le cadre des classes sociales, classes diverses, le plus large et aussi le plus naturel, le moins artificiel de tous ceux qui s'imposent aux hommes vivant en société, que nous poursuivrons notre examen des motifs sous leur forme collective, quitte, plus tard, et pour ne rien oublier, à faire retour sur d'autres catégories, et sur d'autres formes d'associations. -
Formation et histoire naturelle des iles britanniques
Alphonse Esquiros
- Le Mono
- 1 Février 2023
- 9782381115030
On se propose d'étudier l'ensemble des événements naturels d'où sont sorties la grandeur et la prospérité actuelle des îles britanniques. L'Anglais est le roi de la matière : il maîtrise les éléments, il fatigue les mers, il tourmente l'eau, le feu, la vapeur, il se fait servir par toutes les forces brutales et aveugles du monde physique ; mais où gît le secret de cette incommensurable puissance ? Dans la terre ; si la Grande-Bretagne est la première nation industrielle du monde, elle le doit en grande partie à sa richesse minérale, surtout aux deux éléments générateurs du mouvement mécanique, le fer et le charbon. La vie des habitants, les industries locales, les moeurs des populations agricoles, ouvrières ou commerçantes, la prospérité relative de certains districts, le style du paysage, la physionomie des villes, le caractère des monuments et des maisons, se rattachent à la nature du sol comme à une racine.
Parmi les terres européennes si riches de formes et d'articulations, l'archipel britannique représente la partie la moins massive et la moins compacte. Autour de deux masses principales, la Grande-Bretagne et l'Irlande, gravitent de minuscules archipels, comme les Scilly, les Hébrides, les Orcades et les Shetland; sur les côtes occidentales, les îlots dispersés se comptent par milliers. A l'intérieur des îles, même les plus petites, la mer s'insinue profondément par les baies et les estuaires; le domaine terrien se réduit en presqu'îles et en pointes; l'étreinte des flots semble partout solliciter les hommes à la vie maritime. En réalité, elle les isole. C'est dans l'isolement que commence l'histoire de la Grande-Bretagne; la mer se montre d'abord hostile...
Ce livre traite de l'histoire des îles Britanniques, de la formation des territoires au développement de la nation et de ses moeurs.