Philippe Lançon était dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Sa mâchoire est emportée par les balles des frères Kouachi. La veille au soir, il assiste à la représentation de La Nuit des Rois de Shakespeare. Il a pris ses billets pour les Etats-Unis où il donnera des cours de littérature à Princeton et rejoindra sa nouvelle compagne. Le matin du 7 janvier, Houellebecq est interviewé sur France Inter pour la parution de Soumission ; Lançon, qui a écrit un papier élogieux dans Libé, écoute en faisant sa gymnastique sur un tapis qu'il a rapporté d'Irak en 1991, deux jours avant les bombardements américains. À la conférence de Charlie Hebdo, tout le monde parle de Houellebecq, puis des banlieues, quand les tueurs arrivent. Philippe Lançon ne cherche pas à expliquer l'attentat. Il écrit sans pathos, sans complaisance pour lui-même, ce qui n'empêche pas l'émotion et la profondeur (sur la mémoire, la perception d'une vie). L'avant et le pendant sont d'une très grande intensité, la scène de l'attaque est extrêmement saisissante. Dans ce livre de survie, Philippe Lançon s'attache à décrire sa vie qui bascule, lui qui, défiguré, reçoit « une blessure de guerre » dans un pays « en paix ». Il raconte ce jour où le temps s'est arrêté, les longs mois de convalescence et les dix-sept opérations qui lui ont permis de retrouver le bas de son visage, la reconstruction d'une vie sociale, professionnelle, à lui qui n'est désormais plus le même homme.
Née à Paris en juin 1925, de parents polonais, Julia Wallach a dix-sept ans quand elle est arrêtée avec son père sur dénonciation d'une voisine, en 1943, puis déportée de Drancy vers Auschwitz-Birkenau. Julia connaît la faim, le froid, les coups, la maladie et côtoie la mort dans un quotidien défiguré qu'elle nous transmet courageusement.
Vient la marche de la mort à travers la Pologne et l'Allemagne enneigées : pendant quatre mois, sans plus rien à manger, ils avancent. En avril 1945, avec quelques femmes, Julia trouve encore la force de s'enfuir...
Elle qui a survécu au typhus et aux sélections va reconstruire sa vie pas à pas, tomber amoureuse et fonder une famille dont les photos ornent les murs de cet appartement qu'elle n'a ensuite plus quitté. Son livre est le récit d'une longue marche vers la vie, ponctué d'éclats de rire et de colère, drapé, avec une élégance sans faille, dans la force de caractère qui n'a jamais cessé de l'animer.
À propos des autrices Dans cet inoubliable récit, Julia Wallach témoigne de la vie des camps, en complicité littéraire et affectueuse avec Pauline Guéna, romancière, essayiste et scénariste, ayant obtenu le Grand prix des lectrices de ELLE-document pour L'Amérique des écrivains, avec Guillaume Binet.
« Un livre qui doit être lu par tous, surtout les plus jeunes. » La Grande Librairie, François Busnel « Un témoignage inédit sur la déportation, Auschwitz, la Shoah. » Le Soir « Dans ce récit poignant, un des derniers témoins d'Auschwitz raconte l'horreur des camps et l'énergie de la vie. » RCF « Ces pages offrent une leçon d'optimisme. » Challenges
Zysla Wajser fuit la Pologne pour la France au début des années trente. Au début de la guerre, elle intègre la Résistance, sous le nom de Macha Ravine. Membre du Mouvement national contre le racisme, elle s'investit dans le sauvetage des enfants juifs. Le 25 septembre 1942, elle est arrêtée sur dénonciation. Après avoir été internée à la prison de la Petite Roquette puis à Fresnes, elle est envoyée à Drancy et déportée le 11 février 1943 au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Libérée par l'Armée rouge en janvier 1945, elle reste deux mois sur place à soigner les blessés aux côtés des médecins soviétiques.Dans un récit bouleversant, et avec une rare puissance d'écriture, Macha Ravine raconte tout : l'engagement politique, les actions de résistance, l'arrestation, l'emprisonnement, la déportation, les sélections de Josef Mengele, la libération et le retour. Son histoire est celle d'une femme juive, résistante et communiste, qui croit au combat collectif et à la solidarité. Des valeurs qui la sauvèrent de l'enfer nazi.
Zysla Wajser, alias Macha Ravine, est née en 1909 à Zamosc, en Pologne. À son retour de Birkenau, elle prend immédiatement des notes, pour témoigner de ce qu'elle a vécu. Elle meurt le 31 octobre 1985.Édition établie par Dimitri Manessis, docteur en histoire contemporaine, spécialiste du PCF et du Front populaire.
Gundars Kalve, riche propriétaire terrien en Lettonie ; Illia Bogdanov, ancien officier de FSB passé côté ukrainien en 2014 ; Ihor Markinkovsky, homme d'affaires ; Maria Chashka, femme politique, ou encore Maxime Lutsyk, étudiant de 19 ans qui s'est porté volontaire... Tous, et d'autres, racontent leur expérience dans cette guerre d'un autre siècle par sa violence et son intensité. Tous parlent à la fois de la situation actuelle et évoquent également l'histoire de leur pays, de cette guerre et de leur relation avec la Russie de Poutine.
Rassemblés par Lasha Otkhmezuri, qui a su gagner la confiance des témoins depuis plusieurs mois, grâce à la maitrise de 6 langues (les entretiens ont notamment été réalisés en russe, en anglais, en ukrainien et en géorgien) et à une méthode rigoureuse d'historien, ce livre offre une multitude de clés pour comprendre le conflit et ses conséquences. Bouleversement majeur pour l'Europe, perspective historique, question des possibles crimes de guerre, c'est une série d'informations et de réflexions inédites et éclairantes qu'offrent ainsi l'auteur et ses témoins.
Grand reporter de guerre pendant 27 ans à Paris-Match, plusieurs fois récompensé par la profession, Régis Le Sommier a été le seul reporter de guerre à être allé des deux côtés du front avec l'armée ukrainienne et l'armée russe pendant un an. Kaliningrad, Odessa, Kherson, Zaporijjia, Marioupol, Donetsk, Lougansk, Donbass... ce reportage hors norme donne la vérité du terrain, loin des propagande des deux camps.
C'est un livre cru, un livre à hauteur d'hommes, loin des analyses fumeuses des chaînes d'infos, loin de ces spécialistes qui avant l'Ukraine vous parlaient du Covid avec le même ton péremptoire. " Sortez de votre bureau ! ", lançait Tom Wolfe, à ses confrères. En nous faisant vivre ces scènes haletantes, Régis Le Sommier rappelle également ce que nous devons aux reporters qui risquent leur vie pour saisir la vérité du terrain.
S'ils oeuvrent ordinairement dans le domaine de la fantasy et de l'imaginaire, c'est la réalité de l'agression russe en Ukraine et sa brutalité qu'ils décrivent dans ce journal d'invasion. Les deux romanciers âgés de 59 ans vivent à Kharkiv, importante cité située à l'est du pays. Ils habitent dans le même immeuble, à des étages différents avec leurs familles quand, le 24 février 2022 à cinq heures du matin, les premiers bombardements russes frappent la cité. Leurs deux récits s'entremêlent et racontent leur stupéfaction, celle-ci faisant rapidement place aux contingences de la survie : faute de matériel, une partie de ce journal a été écrit à l'aide de leurs smartphones. Il décrit leur vie quotidienne, les bombes qui frappent, de plus en plus proches, les aller et retours aux abris, jusqu'au départ vers Lviv, à l'ouest du pays et à l'apprentissage de la vie de réfugié. Les deux écrivains, soutenus par leurs lecteurs, restent déterminés et livrent aussitôt leur combat dans le domaine de l'humanitaire et de l'aide aux réfugiés. Ils sont les témoins de la solidarité qui soude la population ukrainienne face à la barbarie du voisin russe.
Les nazis les ont choisies parce qu'elles étaient jumelles.
Eva Mozes Kor est une enfant lorsqu'elle arrive à Auschwitz. Sur la rampe, alors que ses parents et deux de ses soeurs sont conduits dans les chambres à gaz, elle et sa jumelle Miriam sont repérées par l'Ange de la mort : le docteur Joseph Mengele.
Connu pour ses recherches sur la gémellité, Mengele a mené d'infâmes expériences à des fins eugéniques. Il observait le développement des maladies dont la gangrène et faisait des prélèvements sur des organismes vivants. La plupart de ses sujets ne ressortaient pas vivants de cet enfer.
Eva, elle, en a réchappé. À dix ans, elle a non seulement trouvé la force de survivre mais aussi, plus tard, de témoigner. À travers ce récit d'une étonnante retenue, nous suivons le parcours d'une des rares rescapées d'Auschwitz.
Un témoignage aussi poignant qu'engagé sur l'histoire récente de l'Afghanistan, du départ des Talibans à leur retour le 15 août 2021.
L'histoire débute le 15 août 2021, jour de l'invasion de l'Afghanistan par les Talibans. Les auteurs entrecroisent, mêlent et lient les récits de personnes d'horizons très différents, mais qui ont en commun d'avoir vécu ce jour de l'invasion comme un point de bascule.
Ce livre est le témoignage d'une parenthèse historique et politique ; mais c'est aussi le récit d'une amitié profonde entre un médecin afghan, Nadjibullah Bina, et Eric Cheysson, médecin français exerçant en Afghanistan.
Ce livre est un hommage poignant et bouleversant à tous ceux qui sont battus pour la liberté en Afghanistan. C'est aussi, comme le revendiquent les auteurs, un plaidoyer salutaire pour ce pays qui mérite d'être aidé.
« La destruction efface toute perspective, interrompt tout projet d'avenir. Si on n'y a pas été confronté directement, on n'a aucun moyen de comprendre ce qu'est vraiment la guerre. » Yeva Skalietska a douze ans lorsque la guerre éclate dans son pays et qu'un missile russe explose au beau milieu de son immeuble. Contrainte à l'exil comme des centaines de milliers d'autres Ukrainiens, elle a trouvé refuge à Dublin avec sa grand-mère en attendant de pouvoir rentrer chez elle. Jour après jour, elle a inscrit ses pensées dans un carnet qui raconte la guerre à notre époque, à travers ses yeux d'enfant.
Tous les bénéfices de l'ouvrage seront reversés à l'UNICEF.
Le soir du 13 novembre 2015, au Bataclan, un groupe de terroristes ouvre le feu sur la foule. Il y aura 90 morts ; 1415 personnes survivront à cet attentat. Pour les rescapés du Bataclan, ceux qui ont, comme le dira l'un d'entre eux, « embrassé la mort sur la bouche », commence une autre vie.
Six ans après cette soirée, Olivier Roller, photographe spécialisé dans les portraits, rencontre trente survivants. Ces membres de l'association Life for Paris se sont fait tatouer pour marquer leur corps en souvenir de leur passage en enfer. Ils décident de poser, de laisser le photographe immortaliser ces tatouages puis de se raconter, en tête à tête, devant un micro, sans filtre.
Ce livre présente ces photos et retranscrit les mots de ces survivants, le récit de leur Bataclan mais surtout de leur «après». Il nous invite dans l'intimité des échanges entre ces victimes et le photographe, donne la parole aux témoins. Il rend l'épaisseur, la nuance de l'intime et de l'humain à une page tragique de notre histoire.
Ce livre est leur mémorial.
Une enquête sidérante sur le viol comme arme de guerreAutour du monde, le corps des femmes est un champ de bataille. Le viol, une arme de guerre stratégique utilisée à des fins de destruction des populations.C'est le constat sans appel établi par cette enquête, d'une ampleur inégalée, sur la violence sexuelle dans les conflits. Reporter de guerre depuis plus de trente ans, Christina Lamb a recueilli les témoignages de survivantes, des esclaves yézidies aux victimes des camps en Bosnie-Herzégovine en passant par les rescapées du génocide rwandais ou les « femmes de réconfort » japonaises.Si la qualification du viol en tant que crime de guerre date de 1919, seules deux condamnations ont été prononcées depuis. Les victimes, elles, se comptent par millions et, l'actualité l'a montré il y a peu, ne se limitent pas aux frontières de l'Europe.La violence sexuelle n'est ni inévitable ni acceptable. Cet ouvrage, qui donne enfin la parole à celles que l'on réduit d'ordinaire à la honte et au silence, est un cri d'alarme lancé à l'humanité.
« En 1915, j'étais âgé de 17 ans et, pour toute expérience humaine, possédais celle d'un écolier. En 1920 j'avais été journaliste, acteur, soldat, observateur d'aviation et fait le tour du monde avec mon escadrille. ».
Première Guerre Mondiale est un recueil de textes quasi inédits écrits par le tout jeune Joseph Kessel, témoin et acteur de la guerre de 14-18. Y figure le « cahier de novembre 1914 » contenant vingt-deux textes (témoignages, nouvelles, poésie) tous en lien avec la Première guerre mondiale. Le jeune Kessel est notamment marqué par son expérience à l'hôpital de Nice où affluent les soldats blessés dès 1914.
Nous découvrons aussi trois nouvelles poignantes, datées de 1915 et 1916. Et des scènes frappantes : des frères ennemis qui partagent leur nourriture et se tueront le lendemain, quatre vieillards d'Arras qui défient les obus, ou encore la folie collective des Allemands et les dangers de leur mégalomanie.
Alors qu'elle est à peine âgée de trente ans, Euphrosinia Kersnovskaïa voit l'URSS imposer le joug soviétique à la Bessarabie, où sa famille s'est installée après la révolution. Victime de la collectivisation, Euphrosinia perd tout. Très vite, elle est envoyée sur un chantier d'abattage de bois en Sibérie. Elle s'évade, erre des mois seule dans la taïga, puis finit par être arrêtée et condamnée à des années de camp - pour finalement travailler dans des mines de charbon. Une fois libre, elle produit cette oeuvre inouïe : un récit où le témoignage écrit cohabite avec des dessins réalisés sur des cahiers d'écolier - en illustrant elle-même son histoire, elle restitue dans les moindres détails les scènes dont elle a été témoin et auxquelles elle a participé.
Sa destinée s'apparente à celle des plus grandes héroïnes de roman. On se demande avec stupéfaction comment autant d'épreuves et de malheurs peuvent tenir en une seule vie : Euphrosinia affronte les obstacles de sa vie d'un coeur pur et candide, faisant toujours passer les autres avant elle-même. Le dessin, qui aurait pu n'être pour elle qu'un simple passe-temps, devient entre ses mains la lance de Don Quichotte qui lui sert à pourfendre inlassablement le mal.
Écrit à l'insu des autorités, Envers et contre tout est le récit d'un destin hors du commun. Un témoignage fort et inspirant, l'odyssée d'une irréductible qui constitue une source de joie profonde, un antidote aux compromissions et à la peur, au mensonge et à l'oubli.
Le 1er mars 2022, deux jours après l'appel du président Zelensky, Florent Coury quitte le confort de sa vie de cadre dirigeant d'entreprise et sa famille pour rejoindre l'Ukraine comme volontaire étranger.
De la découverte d'un pays incarnant la résistance d'un peuple libre à la rencontre de ceux qui luttent, au péril de leur vie, pour un idéal qui les dépasse, il nous raconte cette aventure humaine bouleversante et interroge ce faisant les fondements de l'engagement, qui place l'homme face à ses contradictions, à sa terrible fragilité autant qu'à sa qu'à la puissance de son abnégation.
Récit de ce plongeon dans l'inconnu et la violence de la guerre, Engagé volontaire offre une magistrale leçon de vie.
Alors que tout semble perdu pour Leon Leyson, déporté à l'âge de douze ans dans un camp de concentration, un homme - un nazi - lui redonne espoir. En l'employant comme ouvrier dans son usine, Oskar Schindler fait du petit Leon le plus jeune inscrit sur sa liste. Une liste qui sera synonyme de vie pour lui mais aussi pour des centaines d'autres juifs pris dans les filets nazis.
?Ça fait soixante-quatre ans que je n'ai rien pu dire, c'est la première fois que je le fais. Je me rappelle, j'habitais ici. Et puis un jour, ou plutôt une nuit - c'était tôt le matin quand j'ai été arrêté -, la rue a été barrée de chaque côté par des soldats en armes. C'étaient des Allemands, mais j'ai été arrêté par la police française. Il y avait des camions en travers de la rue et puis, devant la porte, une traction avant avec des inspecteurs en civil, des inspecteurs français qui étaient là pour arrêter un enfant de six ans et demi ! B. C. Boris Cyrulnik évoque, dans ce livre très personnel, son enfance, son arrestation, son évasion et surtout l'insoumission aux hommes et aux idées.
Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d'enseignement à l'université de Toulon. Il est l'auteur d'immenses succès, notamment Un merveilleux malheur, Les Vilains Petits Canards et Autobiographie d'un épouvantail.
Un jour de 1939, les nazis font irruption au domicile de Gustav. Parce qu'il est Juif, il est déporté à Buchenwald avec son fils Fritz. Là, débute une épreuve inimaginable : la faim, le froid, les humiliations et la violence deviennent leur seul horizon. Puis, on annonce à Gustav qu'il est transféré à Auschwitz. Tous les déportés savent que c'est un aller sans retour, un nom qui résonne comme une condamnation à mort. Malgré tout, Fritz refuse de quitter son père et demande à partir avec lui. Dans ce camp où l'humanité et l'espoir n'ont pas leur place, une seule chose préserve Gustav et Fritz: l'amour entre un père et son fils. Un amour infini, plus fort que l'horreur du monde. Basé sur le journal secret tenu par Gustav pendant sa captivité, ce livre raconte leur incroyable histoire. Un récit de courage et de survie au coeur de l'enfer.
« Promets-moi de dire au monde ce que des hommes ont été capables de faire à d'autres ». Telle a été l'espérance formulée par Fanny quelques heures avant son assassinat dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Aujourd'hui, sa jeune soeur Esther tient sa promesse.
Dans les années 1930, sa famille fuyant l'antisémitisme polonais, migre vers la France et s'installe passage Ronce, quartier de Belleville. C'est là qu'Esther grandit avec ses cinq frères et sa soeur, dans ce quartier populaire, avec ses marchés, ses rues poussiéreuses, ses échoppes de cordonniers et de tailleurs. Une existence modeste mais heureuse qui bascule en mai 1940. Il y a d'abord l'arrestation de son frère Marcel puis celle de Samuel, envoyé à Drancy. La rafle du Vel d'Hiv les 16 et 17 juillet 1942 est un coup de hache. Esther ne reverra jamais ses parents. Elle se réfugie chez une gardienne, réussit à gagner la zone libre, revient à Paris où elle est finalement arrêtée lors d'un contrôle d'identité puis internée au camp de Drancy. Birkenau : Esther est rasée, tatouée, on lui assigne une baraque, un kommando. L'enfer commence : le travail forcé, le froid, la promiscuité, les coups, la maladie, la faim. Et la mort, partout.
Soixante-quinze ans après la libération des camps, Esther continue de faire vivre la mémoire des siens et d'honorer la promesse faite à sa soeur. La Petite fille du passage ronce est ce récit, mais aussi un projet historique et littéraire différent. Avec la complicité d'Isabelle Ernot, il s'ouvre comme un diptyque : le témoignage est suivi par un dialogue avec les disparus, par des lettres, à sa soeur Fanny et à sa mère Gela, ou encore lors d'une déambulation sur son chemin d'écolière entre Ménilmontant et Belleville. Le récit revient sans cesse vers ce passage Ronce, disparu, qui n'existe plus qu'ici : en cette stèle de mots, vivace et émouvante.
Résistant, André Frossard fut arrêté par la Gestapo de Lyon en 1943 et interné dans la «Baraque aux juifs» de la prison de Montluc. Il y accueillit le professeur Marcel Gompel, dont les avocats étaient Alain Feder et Christian Charrière-Bournazel, Marcel Gompel mourut entre les bras d'André Frossard dans d'horribles souffrances, après avoir été torturé par Klaus Barbie. C'est pour lui qu'André Frossard vint témoigner en 1987 au procès Barbie.
Son témoignage inoubliable et son oeuvre intitulée Le Crime contre l'Humanité éditée l'année suivante sont réunis dans cet ouvrage. Sa définition de la victime tient en quelques mots : elle est coupable du «crime d'être né(e)».Le crime contre l'humanité serait-il une composante même de l'humanité ? Qu'est-ce que le crime contre l'humanité ?
L'histoire du 20e siècle, champion toute catégorie du massacre de masse, nous interroge. Outre la Shoah, dont seuls 25% des lycéens ont entendu parler, certains sont aujourd'hui oubliés ou en passe de l'être : le massacre des Arméniens, celui des Héréros et des Namas en Namibie, l'enrôlement de force entre 1942 et 1945 de plus de 2,7 Millions de Chinois, le génocide Khmer, les Tutsis éradiqués par les Hutus L'ouvrage de Frossard comme son témoignage constituent une sorte de point de départ d'une réflexion toujours plus exigeante, à la fois sur ce qui s'est passé et sur la constance de ces horreurs.
Pendant longtemps, pour se souvenir des nombreux enfants qui n'ont pas pu grandir, il n'y avait rien. Rien pour dire qu'ils avaient été tués parce que nés juifs, ni même pour dire qu'ils avaient vécu, qu'ils avaient ri, joué et pleuré... Comme s'ils n'avaient jamais été là. R. J.Rachel Jedinak a survécu à la première rafle du Vél'd'Hiv, en juillet 1942. Ses voisins, ses cousines ou ses camarades de classes, eux, n'ont pas eu sa chance. Après s'être battue pendant des années pour faire apposer, dans les écoles, collèges et lycées, des plaques aux noms de ces élèves oubliés, elle leur rend ici un dernier hommage. Dans ce récit tendre et délicat, elle raconte les parties interminables d'osselets sur les trottoirs, puis les camarades de classe qu'on regarde jouer dans le jardin public où l'on n'a plus le droit d'entrer. Et enfin, les traques, les rafles, les petits qui hurlent de chaud dans la Bellevilloise puis la fuite. Rachel Jedinak nous dit finalement la guerre de la plus universelle des langues : celle des enfants.
"Écrivain, poète, fondateur du musée d'Art moderne, et l'un des premiers résistants, Jean Cassou (1897-1986) publie en 1953 "La Mémoire courte", alors que se pose en France la question de l'amnistie des collaborateurs et que le monde, plongé dans la guerre froide, semble n'avoir le choix qu'entre l'horreur de la dictature stalinienne et la frénésie anticommuniste nord-américaine.
Méditation dédiée à la mémoire de ses camarades tombés pour la liberté, mais aussi attaque violente contre la tentation de « la réconciliation dans l'aveuglement », ce texte tantôt virulent, tantôt teinté de mélancolie, entend rappeler que, pour ceux qui y engagèrent tout, jusqu'à leur vie, la Résistance fut d'abord « un fait moral, absolu, suspendu, pur »."
À travers ses quinze Lettres à Samira, écrites entre 2017 et fin 2019, Yassin Al-Haj Saleh survit à l'absence. Dédiée à sa compagne Samira Al-Khalil enlevée en décembre 2013, cette correspondance dresse à la fois l'état des lieux d'un pays en proie à la dictature - et plus largement la situation géopolitique contemporaine - et le portrait de la femme aimée, de leur lutte commune pour la liberté et le respect des droits humains.Ce recueil de lettres permet de découvrir un couple hors du commun, et à travers cette histoire d'amour en temps de guerre, la réalité de la révolution syrienne, ses enjeux, ses questions. D'un abord plus simple que les analyses politiques précédemment publiées, ce livre ouvre des pistes pour comprendre l'épineuse « question syrienne ». Le livre sortira en mars 2021, dix ans après le début de la révolution.
Jacqueline Loriod a 18 ans quand elle s'inscrit à la Sorbonne en cet été 1940, celui de la défaite et de l'Occupation. Elle y passe une année, en lettres, avant d'intégrer pour deux ans une école d'élèves infirmières. C'est une jeune fille pleine d'espoir, d'indignation, d'enthousiasme, comme tant d'autres de son temps. Mais Jacqueline Loriod note sur des carnets ce qu'elle fait, ses souffrances, ses pensées, les fondements de ses engagements. Elle commente ses lectures, l'actualité, ses cours. Dans ces récits, on rencontre Georges Duhamel, on croise Maurice Bardèche, dont l'antisémitisme, ainsi que celui de certains professeurs, indignent la jeune étudiante.
Elle est de ces étudiants et lycéens qui défient la police française autant que l'occupant, le 11?novembre 1940 sur la place de l'Étoile, premier acte de résistance.
Tenus de 1940 à 1943, ses carnets ont été découverts au décès de Jacqueline Loriod par ses enfants et mêlent l'histoire familiale à celle de la guerre et de la Résistance. L'écriture de ces carnets est similaire à celle du tract manuscrit, conservé aux archives de la bibliothèque La Contemporaine de l'université de Nanterre, qui est la dernière trace matérielle de l'appel au 11?novembre 1940, et qui donnait une consigne?: «Recopie ces lignes et diffuse-les.» Ce livre constitue un témoignage précieux, présenté et annoté par Alain Monchablon et Robi Morder, avec une postface de Catherine Oguse-Boileau, fille de jacqueline Loriod. Il est illustré par des photographies et documents familiaux ou issus des archives.
Comment continuer à vivre lorsque son peuple est lentement effacé, damné parmi les damnés de la terre ? Toute sa vie, Mayyu Ali a dû se battre pour exister comme Rohingya, une minorité musulmane parmi les plus persécutées au monde, dont l'existence est purement et simplement déniée en Birmanie depuis 1982.
Né en 1991, année où Aung San Suu Kyi reçoit le prix Nobel de la paix, il grandit à l'ouest de la Birmanie, à quelques kilomètres de la frontière bangladaise, dans une famille de pêcheurs. Régulièrement insulté et exclu, comme toute sa communauté, obligé de renoncer à devenir professeur, il se réfugie dans l'écriture et est aujourd'hui un poète reconnu. En août 2017, les militaires birmans attaquent son village et il voit ses voisins se faire égorger, les femmes sont violées, les enfants jetés dans les flammes. Comme 740 000 autres Rohingyas, il prend la fuite pour le Bangladesh voisin. Entassé dans un camp de fortune, sur des collines qui menacent de s'effondrer, Mayyu Ali assiste depuis deux ans au trafic d'êtres humains orchestré par des mafieux. Mais il est déterminé à agir pour son peuple et contribue à collecter les preuves de ce que la Cour pénale internationale pourrait bientôt qualifier de génocide.
Par ce livre, il veut faire entendre les cris des enfants, des femmes, des hommes, pour que leur tragédie ne tombe jamais dans l'oubli : « En Birmanie, notre existence est niée. Ecrire mon parcours et celui des miens ancre à tout jamais nos vies dans l'histoire de l'humanité. »